Le saule blanc, l'arbre à l'origine de l'aspirine
- Gaëlle J
- 10 oct.
- 3 min de lecture
Et si l’un des médicaments les plus célèbres au monde… venait tout simplement d’un arbre ?

Avant de devenir l’un des médicaments les plus célèbres du monde, l’aspirine a eu une vie… végétale.
Tout commence dans les zones humides d’Europe, au pied d’un arbre aussi souple que puissant : le saule blanc (Salix alba).
Son écorce renferme un trésor : la salicine, molécule naturelle aux propriétés apaisantes qui inspirera, deux millénaires plus tard, la création de l’acide acétylsalicylique, connu sous le nom d’aspirine .
1. Le saule blanc : un remède ancestral à l'origine de l'aspirine

Bien avant l’invention de la chimie, le saule blanc faisait déjà partie des plantes médicinales les plus utilisées de l’Antiquité. Des papyrus égyptiens datés de 1500 av. J.-C. mentionnent des décoctions d’écorce de saule pour soulager les douleurs et la fièvre. Hippocrate lui-même en recommandait l’usage pour apaiser les douleurs
de l’accouchement.
Plus tard, les Grecs, les Romains et les peuples médiévaux ont continué d’utiliser l’écorce de saule dans leurs pharmacopées traditionnelles, souvent sous forme de tisane ou de poudre.
👉 Ces usages empiriques étaient fondés sur l’observation : la nature avait déjà mis à disposition des molécules actives, bien avant qu’on les isole en laboratoire.
2. De la nature à la science : la découverte de la salicine

Au XVIIIᵉ siècle, le révérend Edward Stone, de l’Université d’Oxford, expérimente l’écorce de saule sur des patients fiévreux et constate des effets étonnants. Il décrit ses résultats dans une lettre historique à la Royal Society (1763) — première démonstration documentée de l’action fébrifuge du saule.
Mais c’est en 1828 que tout change : le chimiste allemand Johann Büchner isole une poudre jaune, la salicine, suivie par le français Pierre-Joseph Leroux, qui parvient à l’obtenir sous forme cristalline blanche. Leur travail marque la naissance de la chimie végétale moderne (pharmacognosie).
Quelques années plus tard, Raffaele Piria transforme la salicine en acide salicylique, un composé actif aux effets reconnus pour être anti-inflammatoires, mais irritant pour l’estomac. Le potentiel est là — il reste à le rendre plus sûr.
3. Quand la chimie perfectionne la nature : naissance de l’aspirine
En 1853, le chimiste français Charles-Frédéric Gerhardt réussit à synthétiser un dérivé plus stable : l’acide acétylsalicylique. Il vient de créer l’ancêtre de l’aspirine, même si sa découverte passera longtemps inaperçue.
Quarante ans plus tard, Félix Hoffmann et Arthur Eichengrün, au sein du laboratoire Bayer, reprennent ses travaux. En 1899, ils déposent le brevet du médicament sous le nom d’Aspirin®, du mot Spiraea, un autre végétal riche en salicylates.
👉 L’histoire est bouclée : la molécule de synthèse la plus célèbre du XXᵉ siècle est directement inspirée d’un actif naturel végétal.
4. Le lien entre science et nature : un symbole de continuité
L’histoire du saule blanc et de l’aspirine illustre à merveille la complémentarité entre savoirs anciens et innovation scientifique. La médecine moderne et la nature ne s'oppose pas : elles s'analysent et se perfectionnent.

🌱 Le saule blanc rappelle que les remèdes d’hier inspirent encore la recherche d’aujourd’hui.
De nombreux laboratoires continuent d’étudier les salicylates naturels présents dans les plantes, non pour remplacer l’aspirine, mais pour comprendre comment la nature équilibre ses propres principes actifs.
Conclusion
De l’écorce du saule blanc à l’aspirine moderne, 3 500 ans d’histoire relient les traditions et la science. Ce parcours rappelle combien les plantes sont les premières sources d’innovation thérapeutique — et combien leur étude reste essentielle pour le futur.
🌿 “La nature a souvent une longueur d’avance. À nous d’apprendre à l’écouter.”
A très vite !
L'équipe Wonder Wo

Références scientifiques
F. Chast, Histoire de l’aspirine, Feuillets de Biologie, n° 337, juillet 2017337_ASPIRINE_BD
E. Stone, Philosophical Transactions of the Royal Society, 1763
P.-J. Leroux, Journal de Chimie Médicale, 1830
Sneader W., The Discovery of Aspirin: A Reappraisal, BMJ, 2000
NIH – National Center for Complementary and Integrative Health : White Willow Bark Monograph





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